Président Dr Seegmuller
le 6 février 2004
LES OPHTALMOLOGISTES DE FRANCE communiquent
L'OPHTALMOLOGIE EN DANGER ?
· La CNAM ne dispose pas des bons chiffres
· La CNAM n'a pas une bonne idée des besoins en ophtalmologie
· La CNAM ne fait pas le bon choix pour la santé des yeux des français
Communiqué de presse
Le 6 février 2004
A la suite du rapport présenté le 5 février par la CNAM, les Ophtalmologistes de France (SNOF) s'étonnent de l'ignorance que ce document manifeste par rapport aux dernières statistiques du Ministère de la Santé et de la grave indifférence qu'il oppose aux négociations menées depuis des années entre la profession et le gouvernement pour ré-organiser l'ophtalmologie dans le sens d'une meilleure répartition des tâches et d'une qualité accrue de l'offre de soins.
Des données erronées : on parle de 45 ophtalmologistes formés par an, alors qu'il y a eu, en 2002, 123 nouveaux ophtalmologistes inscrits au Conseil de l'Ordre. On annonce une pénurie à partir de 2008, alors qu'il y aura encore 5500 ophtalmologistes en 2010. Selon les services statistiques du Ministère de la Santé (DREES), le nombre d'ophtalmologistes a même augmenté de 2,4% en France.
Des scénarios invraisemblables : on propose, par exemple, de former 424 ophtalmologistes chirurgicaux (/465) entre 2005 et 2010, puis de ne plus former de chirurgiens , mais 1214 ophtalmologistes médicaux entre 2010 et 2020. Or, ce rapport montre bien que seulement 10% de l'activité des ophtalmologistes est chirurgicale et que les DES ne sont guère plus chirurgicaux que leur prédécesseurs.
Des oublis incompréhensibles: aucune allusion aux Rapports Berland commandés par les Pouvoirs publics ni à celui de l'Académie nationale de Médecine. Le rapport de la CNAM a été entièrement réalisé sans consultation des ophtalmologistes, alors que le syndicat des opticiens (UDO) a été reçu à la CNAM . Aucune évaluation économique n'a été conduite ; les auteurs avouent tout simplement n'avoir pas pensé à évalué l'hypothèse orthoptiste pour la réorganisation envisagée du système de soins ! De même, aucune prise en compte des problèmes soulevés dans les pays anglo-saxons par le développement de l'optométrie, que certains voudraient voir reconnue en France.
QUEL INTERET A LA CNAM A ALARMER LES FRANÇAIS ? S'AGIT-IL DE FAIRE DES ECONOMIES SUR LA QUALITE ET L'OFFRE DE SOINS ?
ON MET EN AVANT LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION: N'EST-CE PAS JUSTEMENT UNE RAISON DE PRIVILEGIER L'ACCES A DES SOINS MEDICAUX ?
LA PROFESSION N'A PAS ATTENDU LA CNAM POUR S'ORGANISER ./.
Les optométristes exercent à la fois une activité de « consultation », comprenant examens, prescription, traitement et de commerçants à part entière ; le conflit d'intérêt peut devenir majeur d'autant qu'ils interviennent en première ligne et en pleine autonomie. Pour notre profession, il est primordial que les solutions retenues permettent d' assurer la même qualité et la même sécurité sanitaire qu'aujourd'hui. Les exemples étrangers montrent qu'il devient très difficile de fixer une frontière nette entre l'activité des optométristes et la médecine ophtalmologique. De plus, les exemples optométriques anglo-saxons ne sont guère concluants en terme de résultats médicaux, économiques et démographiques : aggravation des délais d'accès en cas de pathologies sérieuses, pénurie grave des ophtalmologistes, inflation démesurée du nombre d'optométristes, inflation des dépenses, dérives non contrôlées de la pratique optométrique, dérégulation du marché de l'optique, marchandisation de certains aspects de la médecine, relations difficiles et concurrentielles entre ophtalmologistes et optométristes. Ces faits sont particulièrement vrai au Royaume-Uni et au Canada, pays pourtant donnés en exemple par ceux qui voudraient légaliser l'optométrie dans notre pays.
Nous avons la chance en France, de disposer d'une profession paramédicale complémentaire de l'ophtalmologie : l'orthoptie. Elle existe depuis longtemps et s'est développée plus que dans les autres pays. Son champ d'action a été largement accru par un nouveau décret de compétence en 2001, et une nouvelle nomenclature est apparue en 2002. Les orthoptistes sont formés dans les facultés de médecine par des ophtalmologistes et constituent donc le complément naturel, en matière d'examens et de soins, des ophtalmologistes. Les ophtalmologistes sont favorables dans leur grande majorité à une meilleure intégration des orthoptistes dans les structures de soins, publiques ou privées. Nous pensons que, grâce à l'évolution actuelle de leur formation, ils seront aptes à assumer une partie de la consultation ophtalmologique, sous le contrôle direct de l'ophtalmologiste. L'articulation avec les opticiens, qui interviennent après l'examen médical et dont le but premier est de fournir l'équipement optique le mieux adapté aux conclusions de cet examen, doit également être améliorée. Des expériences de réseau ophtalmologistes-orthoptistes-opticiens sont déjà mises en place, notamment dans la Sarthe.