Idée fausse sur l'oeil rouge qui fait mal. On pense souvent que la douleur oculaire est proportionnelle à la gravité du traumatisme, ce qui est faux. Un ulcère par coup d'ongle n'est pas grave mais est très douloureux, alors qu'une perforation par fil de fer n'est que peu ou pas douloureux, mais est généralement grave. Il convient donc de toujours consulter un ophtalmo en cas d'oeil rouge ou d'yeux rouges, même si aucune douleur n'est ressentie. En cas de KC, on sera très vigilant si on a été greffé.
LES kERATITES
La kératite entre dans la catégorie des affections ophtalmologiques caractérisées par un œil rouge, douloureux avec baisse plus ou moins importante de l’acuité visuelle.
Le tableau d’une kératite, qu’elle soit aiguë ou chronique, est celui d’un oeil rouge avec cercle périkératique (rougeur qui prédomine autour de la cornée), douleurs plus ou moins intenses (parfois très violentes) avec photophobie souvent intense et larmoiement, associé à une baisse d’acuité visuelle variable. Le diagnostic est confirmé par le test à la fluorescéine qui consiste à l’instillation d’une goutte de collyre à la flurorescéïne (liquide contrastant réagissant à la lumière UV) avec observation à la lumière bleue du biomicroscope (lampe à fente) : la cornée malade retient la fluorescéïne, allant d’un piqueté de simple kératite ponctuée superficielle à l’ulcère franc de cornée...
Les étiologies (causes et facteurs) des kératites sont nombreuses, citons
les principales :
• Kératites traumatiques notamment par lentilles de contact (qu’il faut savoir enlever à la moindre rougeur oculaire). [i]
• Kératite "ultraviolette" : la célèbre ophtalmie des neiges (surtout à Pâques et sans lunettes) mais aussi le " coup d’arc " (l’équivalent mais moins sportif !) qui guérissent tous 2 sans aucune séquelle après 24 heures de pansement occlusif.
• Kératites infectieuses, rarement bactériennes mais le plus souvent virales. L’étiologie la plus fréquente est la kérato-conjonctivite virale épidémique liée à l’adénovirus, associant un tableau de pharyngite, d’adénopathies (augmentation de volume d’un ganglion) prétragiennes et de kératite bilatérale dans un contexte épidémique très net. Une étiologie plus rare mais redoutable est la kératite herpétique, à ne surtout pas méconnaître, avec son aspect typique d’ulcère d’aspect " dendritique " (en forme de fougère). En effet, l’instillation à tort d’un collyre corticoïde peut être responsable de complications désastreuses (aggravation d’une ulcération cornéenne pouvant aboutir à la perforation oculaire). Il faut rappeler que la prescription d’un collyre corticoïde par le médecin généraliste dans un oeil rouge sans diagnostic précis est formellement interdite.
Les kératites infectieuses sont également fréquentes chez les porteurs de lentilles à renouvellement traditionnel et chez ceux qui négligent les règles élémentaires d'entretien... Lorsque les lentilles sont trop serrées ou mal ajustées aux cornées, les ulcérations ne sont pas rares non plus.
• Kératite sèche, parfois associée à un syndrome de Gougerot-Sjögren, est très fréquente chez le sujet âgé. L'hypolacrymie (faiblesse de l’activité lacrymale) est affirmée par le test de Schirmer (petite bande de papier buvard glissé dans le cul de sac conjonctival qui mesure la quantité de larmes après 5 minutes). Il faut penser à rechercher une cause iatrogène (effet secondaire), notamment la prise de médicaments psychotropes. L’instillation de larmes artificielles ou de gels plus visqueux apporte une amélioration mais souvent incomplète.
• Kératites allergiques
Kératite ponctuée superficielle (KPS)
Cela correspond à un piqueté fluo+ que l'on note avec une grande constance au fil des examens, et qui persiste malgré divers traitements. L'évolution est fonction de la cicatrisation de la conjonctive.
Kératite stromale
Ces kératites sévères sont dues à des infiltrations profondes des réactions allergiques, avec souvent une participation uvéale. On peut observer une baisse de la vision s'il persiste un néphélion ou une taie, avec souvent un appel vasculaire.
Kératite périphérique
On décrit des nodules paralimbiques pouvant entraîner un pannus conjonctival. Les ulcères de la rosacée sont séparés du limbe par une bande de cornée claire. La corticothérapie aggrave les choses, il faut utiliser les cyclines pour traiter cette pathologie.
Ne pas confondre les kératites avec les conjonctivites caractérisées également par un oeil rouge, mais sans baisse d'acuité visuelle ni douleur oculaire. Toutefois, une conjonctivite peut se compliquer en kératite...

LES CONJONCTIVITES
Dans la conjonctivite, la rougeur prédomine dans les culs de sacs conjonctivaux.
Il n’y a, pas de baisse d’acuité visuelle ni de douleurs oculaires, sinon il faut craindre l’association à une kératite (la rougeur s’étend alors en périphérie de cornée). Il n’y a -à priori- pas d’examen complémentaire à faire et le recours à un prélèvement lacrymal à but bactériologique est rarement nécessaire (sauf conjonctivite rebelle).
Les principales causes sont
•Les conjonctivites virales : (très souvent bilatérales,association parfois à un catharre ou un malaise général (asténie), sécrétions plutôt claires lorsqu’elles ne sont pas surinfectées. Elles peuvent se compliquer de kératites (adénovirus surtout), avec alors photophobie intense, douleurs et rougeur périkératique (en périphérie de cornée).
•les conjonctivites bactériennes : purulentes, parfois unilatérales, rechercher un obstacle sur les voies lacrymales favorisant la stagnation des larmes.
•Les conjonctivites allergiques : (avec leurs pavés sous les paupières) entrant parfois dans le cadre de la conjonctivite printanière invalidante. A noter que bon nombre d’yeux rouges de façon chronique sont trop souvent étiquetés " allergiques " alors qu’il s’agit en fait d’un trouble de la réfraction méconnu (astigmatisme non traité, trouble de l’accommodation, etc…)
LES PAUPIERES ROUGES:
ALLERGIES DES PAUPIERES
Urticaire palpébral
Il peut rentrer dans le cadre d'un urticaire généralisé (atopie) ou être isolé. Les causes sont souvent difficiles à retrouver; on incriminera des allergènes de l'environnement du sujet.
Dermatite atopique
Elle est due à une hypersensibilité de type I et de type IV et associe une allergie palpébrale à des lésions plus importantes, comme une cataracte atopique et une conjonctivite de type printanier.
Eczéma
Un oedème desquamatif s'ajoute à une irritation, un larmoiement. La cause peut être retrouvée dans les produits de maquillage, les collyres de nature variée.
La blépharite:
La blépharite signifie une infection des bords des paupières. Cette une cause très répandue de rougeurs, démangeaisons, brûlures et de sensations de grattements. Les autres symptômes sont: des décharges, des pellicules dans les cils, une sensation de grattement, des larmoiements, et une vision floue temporaire. Cette condition semble impliquer les deux yeux.
On décrit une desquamation du bord des paupières, souvent associée à des troubles de sécrétion des larmes, une meibomite (inflammation des glandes de Meibomius). Le traitement est souvent décourageant, avec un passage à la chronicité des lésions. Un nettoyage attentif des paupières améliore les choses, avec tamponnement de compresses tièdes et massage des bords libres palpébraux.
On retrouve trois éléments présents dans ces tableaux cliniques, une anomalie de la réfraction de la vision binoculaire, l'atopie et les allergènes.
La blépharite se développe quand les bactéries prolifèrent sur le bord de la paupière. C'est une surface mouillée avec un milieu nutritif pour les bactéries. Il ne faut pas nettoyer les bords des yeux, ceci aggrave cette condition. Les bactéries créent des toxines irritantes, qui irritent l’œil. Les glandes des paupières peuvent s'infecter.
Il y a environ 30 glandes qui s'ouvrent au bord de la paupière; celles-ci produisent un liquide huileux. Certaines personnes présentent un dysfonctionnement de ces glandes; la sécrétion devient spécialement épaisse, et reste dans la glande, ce qui crée une plus grande irritation et peut former un chalazion. Les personnes ayant une acné rosacée souffrent parfois de cette affection et d’un dysfonctionnement des glandes des paupières.
Le traitement de la blépharite consiste à nettoyer les bords des paupières. Il existe des kits commerciaux pour cela . Des médecins recommandent l'utilisation de shampooings de bébé dilués. Des collyres peuvent aussi aider diminuer les sensations de grattement; on peut éventuellement appliquer des onguents antibiotiques.