Dorénavant, nous vous proposerons régulièrement dans chaque forum un résumé des messages postés ou des informations sur les questions les plus fréquentes. Ces résumés informatifs seront verrouillés . Il seront complétés (corrigés et améliorés), au fur et à mesure, par les contributeurs, les spécialistes et les membres du Comité Scientifique. Le but étant de permettre aux visiteurs de mieux comprendre certaines notions essentielles concernant le kératocône. Comme les autres documents, ils seront téléchargeables en Pdf sur le site. Bien entendu, comme d'habitude vous pourrez poser vos questions dans les forums appropriés.
Amicalement
Vincent

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SUJET PRINCIPAL: Les différents types et géométries de lentilles dans l’adaptation du kératocône.
La fiche technique d’une lentille de contact pour kératocône comporte certaines indications parfois obscures que nous tacherons de détailler pas à pas. En exemple, voici celle d’une lentille que je connais bien


1/12 1) La perméabilité des lentilles et la notion de DK…

Comme la peau, la cornée doit respirer et le métabolisme oculaire demande un apport important en oxygène mais également une capacité à éliminer le CO²…
La lentille doit donc à travers son matériau laisser passer :
• L’oxygène (face avant de la lentille en contact avec l’air)
• Le CO² (face arrière, sur la cornée et le film lacrymal)
Sans lentilles, cet échange indispensable se fait naturellement. La cornée « respire »... Avec des lentilles, ce métabolisme est mécaniquement contrarié et doit être maîtrisé grâce à des matériaux perméables.
La perméabilité apportée par une lentille souple c’est:
• L’eau contenue dans son matériau : de l’hydrogel…
• L’eau et le silicone dans les nouvelles lentilles souples en silicone hydrogel
La perméabilité apportée par une lentille rigide c’est :
• Un polymère ou un copolymère. Il en existe de nombreux que nous verrons plus loin…
Pour le moment les lentilles concernant le kératocône font majoritairement partie de cette dernière catégorie. Elles sont le plus souvent rigides mais toujours perméables. D’où le nom de Lentilles Rigides Perméables aux Gaz « LRPG » norme française NF S 11-100 Mars 1998 et « RGP » chez les anglo-saxons… On peut rencontrer d’autres termes utilisés : LRPO (lentille rigide perméable à l’oxygène), semi souples, semi rigides, flexibles, etc… Peu importe, l’essentiel étant leur perméabilité aux gaz… A noter l'existence de lentilles mixtes (rigides au centre et souples en prériphérie). Les lentilles thérapeutiques, spéciales greffes et sclérales feront l'objet d'un sujet entier.)

Petit rappel: Parfois, le jargon utilise des acronymes concernant le port des lentilles (souples ou rigides) :
Port Journalier (PJ) : le jour avec retrait le soir ou en Port Occasionnel (PO)
Port flexible (PF) : PJ mais avec occasionnellement un port pendant le sommeil.
Port Prolongé (PP): Port continue mais avec un retrait d’une nuit tous les 7 jours.
Port continu (PC) : Port continue avec un maximum de 1 mois

Les lentilles « dures » en PMMA (Polyméthylmétracrylate) ont vécu. Sauf rares exceptions ces lentilles ne sont plus adaptées.
Aujourd’hui, les lentilles « rigides » perméables à l’oxygène offrent des garanties, physiologiques et fonctionnelles, qui associées à leurs qualités physiques et leur stabilité permettent la fabrication de lentilles fines, confortables et optiquement performantes.
Si les matériaux couramment utilisés offrent un « Dk » moyen, fort ou hyper selon une classification (Benjamin), autorisant des temps de port longs et même continus en matière de kératocône, il apparaît à l’évidence qu’un port continu sur cornées déficientes doit être banni.


La perméabilité d’une lentille dépend du matériau mais aussi de son épaisseur… Plus une lentille est épaisse et moins elle est perméable… Cela s’exprime en DK !
Le dk est une mesure de perméabilité mais pas seulement...
Perméabilité :
Le dk est un indice de perméabilité à l’oxygène. Il correspond à deux coefficients :
d= coefficient de diffusion de l’oxygène (O2) dans le matériau..Differents tests analysent la volocité et la répartition de l'O2.
k= coefficient de solubilité de l’oxygène (O2) dans le matériau. On évalue l'absorption et la dispersion en échanges gazeux. (Pour les curieux en polymère, « k » est une unité de mesure qui correspond à la formule suivante : ml O2cm/cm2/s/mm Hg définissant la propriété intrinsèque du matériau qui augmente avec la température, donnée en général à 35°C. Ce genre de test est fait par polarographie…Si vous êtes motivés, j'ai des liens en carafes!).
Transmissibilité :
Mais les indices dk des lentilles sont plus complexes encore car la transmissibilité de l’oxygène est également prise en compte! On parle alors de :
Dk/e « e » étant l’épaisseur de la lentille. Cette méthode de calcul permet de connaître la quantité d’oxygène essentielle parvenant à la cornée à travers la lentille.
Mais comme on le verra dans la géométrie des lentilles, il faut savoir que cet indice de transmissibilité dépend des épaisseurs de la lentilles.

Il faut garder une grande prudence car les procédés de mesure ne sont pas toujours identiques (méthodes et températures permettent des écarts considérables, dans les documentations…) Faite surtout confiance à votre adaptateur… même si les documentations des fabricants sont de plus en plus transparentes grâce aux normes ISO.

Le manque de perméabilité d’une lentille peut entraîner une hypoxie de la cornée et des séquelles. (On parle d’hypoxie lorsque la quantité d’oxygène délivrée aux tissus est insuffisante par rapport aux besoins cellulaires.) Mais ce problème ne se pose pas et reste théorique, puisque une lentille pour KC est nécessairement la plus perméable possible à l’oxygène...

Les lentilles souples, en hydrogels, ioniques ou non, ont été maintes fois proposés pour les kératocônes, mais l’épaisseur requise pour procurer une correction visuelle adéquate les a fait rejeter en raison de l’hypoxie inévitable qu’elle généraient.
Les lentilles en silicone-hydrogels, profitent des dernières avancées technologiques et semblent avoir permis de régler les problèmes de l’hypoxie sous lentilles souples. En dehors des "lentilles mixtes" qui seront étudiées plus loin, l’utilisation des LSH reste anecdotique dans l’adaptation du kératocône. Cependant, il faut noter des lentilles plus récentes comme la Kérasoft ( Igel ) torique interne faite en matériau Benz au taux d’hydratation de 49%.
Cas particulier: Depuis une trentaine d'année, la technique du "Piggy Back" ou lentilles "à dos" l'une sur le l'autre, apporte sa contribution au traitement du kératocône. Son principe astucieux est de faire porter une lentille souple, comme une doublure de vêtement, sous la lentille rigide, afin d'en augmenter le confort. La lentille Flexlens pour Piggy Back (Paragon Vision Sciences) propose une dépression central servant d'écrin à la lentille rigide pour lui assurer centrage et stabilité.

Ils sont nombreux et en permanente évolution. La deuxième partie du sujet présentera ces matériaux et les utilisations dans les lentilles les plus utilisées. Voici un petit best of :

Autre exemple:


Comparatif de lentilles pour kératocône (Menicon, y compris EX-Z...):
http://www.forum.keratocone.net//images/complent2005.pdf
Exemple de documentation technique d'une lentille:
http://www.bausch.com/us/resource/visio ... stonxo.pdf
Des dk bien précis! Ce site est incontournable.
http://www.gpli.info/materials.htm

A suivre (2/12) ... Les géométries des lentilles!

V2F
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