L'âge du donneur pas une contrainte pour greffe de cornée

[Xavier]

Une étude des USA indique que l'âge du donneur n'est pas une réelle contrainte pour le succés d'une greffe de cornée. 75 ans est même un âge honorable pour être donneur. Seule différence, un léger avantage pour la durée du greffon si le donneur a moins de 40 ans que s'il a plus de 40 ans.

http://www.medpagetoday.com/Ophthalmolo ... gy/tb/8977

[V2F]

Bon à savoir! Car c’est une question très souvent posée par les candidats à la greffe.
Une étude semblable avait été menée en 2004 en France sur 100 patients greffés dans le service ophtalmologique du CHU de Grenoble. Christophe, un adhérent, y avait d’ailleurs participé. Voici son excellente présentation:

Des études sont en cours dans divers CHU sur la qualité physiologique et anatomique des cornées greffées.
Je fais partie d'un protocole d'étude qui porte sur le sujet suivant :
Quelle est l'incidence de l'âge du donneur sur la vie du greffon ?
En d'autres termes un greffon prélevé sur un sujet jeune a t il plus de chance de survivre dans de bonnes conditions qu'un greffon prélevé sur un sujet âgé ?
Pour imager un peu le propos, prenons l'exemple des cheveux :
Un individu de 30 ans ne risque t il pas plus de développer une calvitie à 60 ans alors qu'un individu de 85 ans encore très chevelu ne va-t-il pas le rester encore si sa longévité le lui permet ? C'est cette idée qui intéresse les CHU de Grenoble et Saint Etienne qui conjointement proposent aux greffés de rentrer dans leur programme de recherche.
Le protocole est le suivant :
Les greffons sont indifféremment prélevés sur des donneurs dont l'âge est soit inférieur à 45 ans, soit supérieur à 80 ans. (Tous les greffons répondent aux critères de qualité préconisés, évidemment !). Ni l'équipe de chirurgie, ni le patient ne connaît l'origine de la cornée dont va bénéficier le greffé. L'étude de l'évolution de la cornée greffée durera deux années. Les examens seront réguliers et porteront sur le dénombrement des cellules, l'épaisseur de la cornée, la topographie et les qualités optiques.
Arrivé au terme des deux ans, l'équipe chargée de l'étude pourra accéder aux informations sur le donneur et les intégrer aux résultats des examens cliniques et physiologiques du greffon.
Les résultats de cette étude ne seront connus que dans quelques années...
Conclusion :
N'hésitons pas à rentrer dans ces programmes de recherche, il en va de l'avenir de notre vue à tous !
P.S : Le médecin chargé de cette étude au CHU de Grenoble est le Docteur Savy, en collaboration avec le professeur Mouillon.

Fil de discussions:
http://www.forum.keratocone.net//viewtopic.php? ... c&start=15

[V2F]

Je précise que cette étude est bouclée

[Xavier]

L'étude présentée aux USA est interressante car selon l'article elle est statistiquement fiable et les résultats statistiquement significatifs. L'article inclue quelques info à ce sujet. Il semblerait que ce soit la première aux USA à avoir cette envergure dans la durée et la taille de l'échantillon et cette fiabilité dans les résultats.

Les résultats de l'étude française ont-ils été publiés?

[V2F]

Les résultats de l'étude française ont-ils été publiés?

Il me semble que oui Peut-être que Christophe aura plus de précisions ?

[Xavier]

Je contacterai aussi Prof B......

[jeff]

AP - Les organes provenant de sujets jeunes sont généralement plus recherchés quand il s'agit de greffes. Or les cornées des personnes âgées seraient aussi faciles à transplanter que celles des jeunes, selon une étude américaine qui repousse à 75 ans l'âge limite pour ce type de don.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, des recherches financées par le gouvernement américain dans lesquelles les cornées jeunes ou vieilles étaient greffées au hasard ont montré que, dans tous les cas, le résultat était identique. Ces travaux ont été publiés mardi dans le journal "Ophtalmology".

"Les vieux tissus étaient victimes d'un préjugé", a déclaré le Dr Jonathan Lass, de l'hôpital universitaire de Cleveland (Ohio), un des auteurs de l'étude. "Cela va changer notre façon de voir."

La cornée est le revêtement transparent situé à l'avant de l'oeil. Elle permet de fixer la lumière. Aux États-Unis, plus de 39 000 transplantations de cornées ont été réalisées l'an dernier, selon l'association américaine de la banque de l'oeil.

Si les États-Unis ne souffrent pas d'un manque de cornées, les spécialistes pointent une pénurie internationale. Les banques d'yeux craignent que les réserves américaines s'appauvrissent du fait du durcissement de la réglementation de la FDA entrée en vigueur à l'automne dernier, ce qui augmenterait l'intérêt pour une utilisation de cornées plus âgées.

Les banques des yeux fixent la limite du don de cornée à 65 ans ou moins, bien que l'âge ne soit pas le critère le plus fondamental. Les donneurs doivent d'abord être en bonne santé, indemnes de toute infection. Les cornées doivent quant à elles contenir une quantité suffisante de cellules capables de prévenir le passage à l'opacité.

Pour juger de l'importance de l'âge de la cornée, l'Institut national des yeux (NEI) a financé une nouvelle recherche menée dans 80 centres médicaux aux États-Unis. Les chercheurs ont recruté environ un millier de personnes âgées de 60 ou 70 ans atteintes de maladies de la cornée, notamment de cataracte.

Les participants étaient divisés en deux groupes, recevant soit une cornée de donneurs âgé de 12 à 65 ans, soit de donneur âgé de 66 à 75 ans. Les chercheurs ont ensuite suivi ceux chez lesquels l'opération avait échoué. Cinq ans plus tard, 86 POUR CENT des opérés des deux groupes ne présentaient aucune complication.

Les chercheurs n'ont testé que les sujets de 60 ans non atteints de pathologies, un âge qui les expose à un risque moyen d'échec de la transplantation. Mais environ 20 pour cent des transplantations cornéennes se pratiquent chez des jeunes adultes, pour lesquels les transplantations échouent rarement. L'étude ne cherche pas à savoir si un jeune de 20 ans supporterait une cornée de 70.

Par ailleurs, Jonathan Lass s'est penché de près sur le sort des cellules endothéliales qui préviennent l'opacité de la cornée. En moyenne, une cornée âgée de 30 ans en possède environ un million, mais elles meurent à une cadence de 0,5 pour cent en un an, a-t-il dit. Pour des raisons inconnues, les cornées transplantées perdent rapidement plus de la moitié de leurs cellules endothéliales.

Les cornées plus âgées perdent un peu plus de cellules endothéliales que celles provenant de donneurs jeunes, sans que la différence ne soit significative, pas plus qu'elle ne l'est la fréquence de l'opacité. Cependant, les chercheurs prévoient de suivre les patients pendant cinq ans pour voir si cette perte de cellules fait la différence.


© La Presse Canadienne, 2008


http://www.matin.qc.ca/articles/20080401150221/greffes_les_cornees_sujets_ages_sont_aussi_faciles_transplanter.html

[Xavier]

Merci Jeff pour ton post. Cela corrobore l'article que j'avais trouvé. Donc en don de cornée comme pour d'autres choses, il ne faut pas écarter les plus de 40 ans

[jeff]

de rien c'est quand même plus facile en français

[V2F]

Merci Jeff

L'étude à laquelle a participé Christophe en 2004 se nomme :

Influence de l’âge du donneur sur la survie endothéliales du greffon :
essai randomisé tricentrique. GRIVET G (Saint-Étienne), CHIAMBARETTA F (Clermont-Ferrand), THURET G (Saint-Étienne), SAVY O (Grenoble), ACQUART S (St-Étienne), LIGOT P (Saint-Étienne), HEGELHOFFER H, RICHARD MJ, ROMANET JP (Grenoble), MOUILLON M (Saint-Étienne), RIGAL D (Clermont-Ferrand), GAIN P (Saint-Étienne)

Dès que je retrouve le CD, je vous poste le résumé
Présentée en 2006 au congrès SFO, elle complète une première étude de 2002:

résumé
Prélèvements de cornées après 85 ans : issue des greffons après organoculture et devenir des greffés : à propos de 419 cornées

Buts de l'étude : Étudier le devenir des cornées provenant de donneurs très âgés durant l'organoculture ainsi que leur devenir clinique et endothélial chez les receveurs après kératoplastie perforante.

Matériel et méthodes : Quatre cent dix-neuf cornées consécutives prélevées et conservées en organoculture à +31 °C durant 13,1 ± 4 jours (moyenne ± écart-type) ont été réparties en 2 groupes selon l'âge du donneur : groupe 1 de donneurs de moins de 85 ans (n = 330, 79 %, de 16 à 84 ans) et groupe 2 de donneurs de 85 ans et plus (n = 89, 21 %, de 85 à 100 ans). Les caractéristiques qualitatives et cellulaires des cornées au moment du prélèvement, en début et fin d'organoculture, ainsi que les taux d'éliminations des cornées ont été comparés entre les 2 groupes. Les cornées distribuées ont été greffées sans politique établie d'appariement avec l'âge du receveur. Le devenir clinique et endothélial des 196 kératoplasties perforantes réalisées à Saint-Étienne à été étudié de façon comparative entre les groupes. L'analyse statistique a été effectuée sur SPSS 10.0 : Khi 2 , test t de Student et courbes de survie (Kaplan Meier).

Résultats : L'âge moyen de l'ensemble des donneurs était de 72,1 ± 16,7 ans. L'aspect macroscopique au prélèvement était jugé un peu moins bon dans le groupe 2. Au cours de la conservation : pas de différence significative entre les taux d'élimination des cornées entre les groupes 1 et 2 (respectivement 45 % vs 54 %, p = 0,17) mais la non-conformité endothéliale était plus fréquente dans le groupe 2 (67 % vs 39 %, p = 0,001). Les densités cellulaires endothéliales en début d'organoculture étaient plus basses dans le groupe 2 que le groupe 1 (respectivement 2 116 ± 368 vs 2 311 ± 360 cell/mm 2 p = 0,002) mais étaient identiques au terme de la conservation (2 011 ± 285 vs 2 090 ± 296 cell/mm 2 , p = 0,12). Ainsi, au terme de l'organoculture, les cornées issues de donneurs âgés de 85 ans et plus perdaient moins de cellules que celles de donneurs plus jeunes (respectivement 5,6 % vs 10,0 %, p = 0,001). Il n'existait pas de corrélation entre âge donneur/receveur (r = 0,337) mais les cornées du groupe 1 étaient un peu plus souvent attribuées à des receveurs à endothélium normal (p = 0,019). Durant la chirurgie, l'aspect macroscopique des greffons ne différait pas entre les 2 groupes. Chez les 196 receveurs, avec un recul moyen de 25 mois, il n'existait pas de différence statistique entre les 2 groupes dans les résultats fonctionnels visuels, la survie globale des greffons en terme de transparence (86 vs 79 %, p = 0.275) ainsi que les densités cellulaires endothéliales (1 194 ± 469 vs 1 098 ± 545 cell/mm 2 , p = 0.387) au terme de l'étude.

Discussion : Les cornées issues de donneurs de très grand âge ont un moins bel aspect macroscopique et une densité cellulaire endothéliale plus basse au moment du prélèvement mais ces différences disparaissent après organoculture en raison d'une perte cellulaire nettement plus forte pour les cornées issues de donneurs jeunes. En raison de la sélection par l'organoculture, les résultats fonctionnels, anatomiques et cellulaires ne sont pas affectés chez les receveurs.

Conclusion : Compte tenu du vieillissement de la population dans les pays à haut niveau de vie, des possibilités de contrôle de qualité endothéliale offertes par les techniques d'organoculture et de l'augmentation des besoins en greffes, le très grand âge du donneur ne doit pas constituer un obstacle au prélèvement des cornées.

Source: Pr Gain

[Xavier]

De mon côté, j'ai obtenu des informations du Prof. B----

Ce que l'on peut dire de mon point de vue: pas de corrélation absolue entre âge du donneur et densité cellulaire endothéliale
Pour mémoire l'endothélium assure la transparence du greffon et contribue s'il est dense à lui assurer une "longue vie" si aucun phénomène de rejet ne survient. En règle générale, plus le donneur est jeune, plus sa densité cellulaire endothéliale est susceptible d'être élevée. Cependant, il existe de très nombreuses exceptions à cette règle.En d'autres termes, un donneur de 80 ans peut avoir des cornées de très fortes densités endothéaliales donnant de superbes greffons, tandis qu'un donneur de 40 ans a parfois des cornées paradoxalement / comparativment plus pauvres en cellules endothéliales. Dans tous les cas, les banques de cornées fixent des limites d'âge pour le donneur, et contrôlent systématiquement la densité endothéliale de chaque greffon avant de le délivrer pour usage chirurgical.

Donc, c'est le contrôle endothélial qui fait la différence pour identifier la qualité des greffons et non pas l'âge des donneurs.

[Xavier]

Après avoir fait le tour de différents travaux et publications sur le sujet, on peut dire la chose suivante:
Il n'y a pas d'âge pour donner ses cornées. La qualité d'un greffon est liée à la qualité de l'endothélium. Cette qualité d'entholium n'est pas liée à la jeunesse du donneur et de ce fait des prélévements sur des donneurs agés sont tout à fait possibles. Par contre le contrôle systématique de la qualité endothéliale fera la différence afin de sélectionner les meilleures greffons. Tout cela sera encore modifié car les greffes lamellaires sont moins ou pas dépendantes de la qualité entothéliale et de ce fait la taille du spectre de donneurs possibles s'élargira encore. (voir post de V2F sur http://www.forum.keratocone.net//viewtopic.php?p=25332#25332

Voili, voila!!!

[Florence BERGER]

le contrôle systématique de la qualité endothéliale fera la différence afin de sélectionner les meilleures greffons.

Finalement, c'est ce qui compte ...
Comme dans bien des domaines, c'est la qualité qui compte.

[Anne]

Pour la greffe transfixiante, les contrôles dans les banques sont impitoyables. Depuis des années les banques de prélèvements ne se préoccupent pas de l’âge du donneur. Elles le rappellent à travers leurs communications ! La seule chose est qu’en dessous de 2000 cellules, les cornées sont détruites. Il n’est pas rare d’avoir des cornées de donneurs de 88 ans avec des densités endothéliales de 3000…

Pour la greffe lamellaire qui s’adresse prioritairement à des patients ayant un endothélium « sain » les greffons en dessous de 2000 font parfaitement l’affaire. Le comptage endothéliale n’a plus la même signification et importe peu. Mais, compte tenu de la minutie qu’impose cette chirurgie, bien plus complexe qu’une simple greffe transfixiante, le chirurgien doit toujours avoir à sa disposition un autre greffon de "secours" en cas d’incident.

[Florence BERGER]

Oui, tu fais bien de le rappeler, Anne. (Au fait, comment va ta cheville?)