Les facteurs déclenchants ne sont peut-être pas aussi mystérieux que cela....
Il y a plusieurs hypothèses sur l'origine du kératocone, mais certaines se regroupent, ont certains points en commun....
Origine:
1) rayons UVB (espèces oxygénées réactives, radicaux libres; soleil, écrans lumineux)?
2) traumatisme de la partie superficielle de la cornée (trauma, déclenchés notamment par le frottement intempestif des yeux pendant la journée, mais aussi pendant le sommeil; là aussi il y a les radicaux libres)?
3) bactéries (inflammation de la partie superficielle de la cornée)?
4) pollution, fumée....etc..
...
Ou 1+2+3+4, 1+2,2+3.....
Le tout baigné par un terrain génétique favorable à l'apparition de la pathologie.
Le kératocone est différent suivant chaque individu, son âge.
Mais toutes ces hypothèses ont des points en commun.
L'attaque se fait de la surface vers l'intérieur de la cornée. Les cellules de la base de l'épithélium, très sensibles à l'environnement extérieur, "paniquent" lorsque la surface de la cornée est perturbée (il y a de nombreux nerfs dans l’épithélium).
Les cytokines (dont la fameuse interleukine I), les facteurs de croissance, et autres leucocytes envahissent la partie superficielle de la cornée. Elles sont là pour faire le nettoyage, pour faire un "turn over" des cellules cornéennes épithéliales et du stroma. Ces leucocytes sont nécessaires pour un bon maintien de la cornée. Elles commandent les kératocytes (située au niveau de la partie supérieure du stroma). Celles-ci dirigent l'activation des « enzymes dégradatives » dont les fameuses Métalloprotéinases, bouffeuses de collagène (collagènases) et gélatinases . Ce mécanisme d’ « excitation » de ces enzymes va avoir comme conséquence la mort de nombreuses kératocytes. Ces kératocytes ont un rôle crucial pour la cornée car elles produisent aussi le collagène, c’est à dire le « squelette » de la partie superficielle de la cornée. Mais la cornée, ce n’est pas que du collagène. Il y a environ 75 % d’eau dans la partie superficielle de la cornée. Cette eau est contenue dans les protéoglycans qui forme la matrice extracellulaire. Ceux-ci sont aussi dégradés par les enzymes. A côté de ces MMPs (dont les fameuses MMP2 et MMP9) il y a les enzymes lysosomales cathepsin B,C,G qui dégradent aussi les fibrilles de collagène, kératocytes, et les protéoglycans.
En fait, c’est un mécanisme en cascade :
0) terrain génétique favorable.
1) aggression extérieure (frottement des yeux, pollution, rayons lumineux, bactéries ; espèces oxygénées, radicaux libres).
2) réponse de la la partie superficielle de la cornée. D’abord l’épithélium, puis le stroma avec l’invasion des leucocytes puis de toutes les enzymes voraces.
3) mécanisme de mort cellulaire. Mort des kératocytes. Baisse de la quantité de collagène-cornée malade plus élastique avec des lamelles stromales plus étirées et moins nombreuses. La pression intra-oculaire n’est plus homogène. Apparition d’un cône entre une zone plus élastique et une zone plus rigide. Epithélium plus fin (plus que 3-4 couches celllulaires au niveau du cône) et stroma beaucoup plus fin. Membrane de Bowman (entre l’épithélium et le stroma) abimée, voire cassée. Dépôt de métaux lourds dans l’épithélium sous le cône (à cause des MMPS ?).
Le kératocone évolue moins rapidement avec l’âge car les facteurs de croissances, cytokines, sont beaucoup moins sensibles en vieillissant.
Donc je pense que les facteurs déclenchants ne sont pas si mystérieux. A quand un traitement ? En tout cas à des essais. Car ces enzymes destructrices ont des inhibiteurs connus.
Reste encore à augmenter la densité des kérocytes afin de produire plus de collagène. Et aussi à diminuer les abérrations visuelles en diminuant le cône.
Donc :
1) stabiliser la maladie (faire des tests cliniques).
2) renforcer le stroma, et l’épithélium (idem :tests).
3) reformer la cornée (laser ?).
Et enfin et surtout : avoir les moyens financiers pour réaliser les travaux de recherche, et notamment des thèses
C’est comme cela que la locomotive avancera plus vite !
Philippe