Clinique
Dans la majorité des cas, le diagnostic de kératocône est relativement aisé car il est fait à des stades assez avancés de l'affection.
Il est en général reconnu chez un adolescent ou un adulte jeune, entre dix et vingt ans, qui vient consulter en raison d'une sensation de brouillard visuel, souvent associé à une déformation des images et parfois à une impression de diminution de 1'acuité visuelle. Ces symptômes sont particulièrement ressentis en vision de loin et sont souvent associée à une photophobie, à un éblouissement et à une irritation oculaire. Quelquefois, le patient peut se plaindre d'une vision "pulsatile" surtout après un exercice physique et ceci traduit l'existence d'un amincissement déjà important de la cornée.
La mesure de l'acuité visuelle montre une diminution variable avec l'évolution de l'affection. La sensibilité au contraste est précocement altérée.
On s'est rendu compte qu'il existait beacoup d'yeux présentant une tendance au kératocône quand on les a étudiés en vue d'une chirurgie réfractive. On voit avec l'étude de la topographie cornéenne que ces yeux à la limite de la normale présentent des anomalies de surface qui contre-indiquent la chirurgie réfractive.
L'examen clinique va s'attacher à mettre en évidence les trois altérations caractéristiques de la maladie:
- l'astigmatisme cornéen irrégulier,
- la protrusion excentrique de la cornée,
- la présence d'opacités cornéennes.
I.L'astigmatisme myopique irrégulier:
Il est reconnu par différentes méthodes
En rétinoscopie, on remarque une distorsion du reflet rouge du fond d'oeil, pouvant donner naissance à un effet de ciseau : le reflet lumineux, au lieu d'être distribué de façon régulière, a un centre sombre qui le divise en deux branches.
C'est surtout la kératométrie qui a une importance majeure. Dans les premiers stades, l'astigmatisme est le seul élément et il est bien sûr essentiel d'être certain qu'il n'existait pas auparavant.
A un stade avancé, la reconnaissance est facile, les mires sont inégales, elles ne sont pas situées dans le même plan de la cornée, elles sont considérablement déformées et il est pratiquement impossible de mettre leurs axes dans le prolongement l'un de l'autre.
C'est à un degré plus modeste de l'évolution de l'affection que le doute peut être permis. En effet, on sait que les kératomètres classiques tels que celui de Javal n'explorent que les trois millimètres centraux de la cornée. En outre, il est en pratique impossible de définir une valeur kératométrique normale de la cornée et donc de préciser à partir de quel chiffre le diagnostic de kératocône peut être porté : certaine sujets peuvent avoir une puissance kératométrique allant jusqu'à 50 dioptries et un astigmatisme très élevé sans jamais évoluer vers le kératocône et à l'inverse, certains kératocônes gardent très longtemps des valeurs kératométriques basses.
Toutefois, il faut bien retenir qu'en règle générale, un astigmatisme irrégulier et surtout s'il est saillant dans la partie inférieure est particulièrement évocateur du diagnostic du kératocône. On a décrit une variation pulsatile des mesures kératométriques qui serait la conséquence de la déformation périodique de la cornée amincie sous l'effet de la pression artérielle.
L'examen au disque de Placido est en général démonstratif par réflexion, sur la cornée conique, les cercles du disque de Placido prennent une forme ovalaire ou franchement irrégulière, la déformation et l'écartement étant variable selon les différentes zones de la cornée. Au sommet du cône, les cercles se rapprochent au maximum et subissent les déformations les plus marquées. Le kératoscope de KLEIN est une adaptation du disque de Placido et comporte une lentille de 6 dioptries au centre de la mire lumineuse.Le principe du disque de Placido est par contre très utile en kératoscopie per-opératoire.
La topographie cornéenne est un examen qui permet d'établir la topographie, donc les courbes de niveau de la cornée, comme on étudierait le dénivellé d'une montagne. Cet examen donne des résultats graphiques qui sont très parlants et qui peuvent être comparés d'un examen à l'autre. Les couleurs rouge et jaune mettent en évidence un bombement de la cornée à ce niveau. (un peu comme des lignes niveau sur un plan).
Différents appareils existent et proposent des échelles colorées pour mettre en évidence les zones aplaties ou bien les zones en relief comme dans le kératocône. C'est là un examen capital pour toute étude sérieuse de la cornée et il sera répété régulièrement.