MARSEILLE (AFP) — Une équipe de l'hôpital de La Timone à Marseille a réussi la première greffe de cornée artificielle jamais réalisée en France, selon un communiqué diffusé mercredi par l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM).
Cette opération chirurgicale, réalisée au sein du service d'ophtalmologie de l'hôpital de La Timone, dirigé par le professeur Bernard Ridings, a été réalisée par le docteur Louis Hoffart.
"Cette cornée artificielle est destinée aux patients auxquels on ne peut plus proposer de greffe de cornée en raison d?un risque majeur de rejet", explique l'AP-HM, dans un communiqué précisant que la technique utilisée était importée des Etats-Unis.
"Les cornées artificielles une fois implantées, sont colonisées par les tissus oculaires et intégrées dans la cornée du patient", indique l'AP-HM.
"Après un laps de temps de plusieurs mois (4 à 28 mois), les trois quarts des patients greffés ont retrouvé une acuité visuelle leur permettant de retrouver une autonomie et de distinguer les formes", ajoute le communiqué.
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Sources: http://www.santelog.com
L’annonce d’une intervention ophtalmologique exceptionnelle (mais qui ne le restera pas) au CHU La Timone à Marseille : la pose d’une cornée artificielle par le Dr Louis Hoffart suscite un immense intérêt. En effet, les affections de la cornée entraînant immédiatement ou progressivement une opacification de celle-ci figurent parmi les causes de cécité, que l’on peut éviter ou corriger par une greffe de cornée. Mais la cécité cornéenne ne peut être guérie que s’il y a suffisamment de greffons, ce qui n’est pas le cas, ou si le patient peut supporter la greffe, ce qui n’est pas toujours possible. Selon l’OMS, la cécité cornéenne touche plus de 10 millions de sujets dans le monde, mais 1 % bénéficient d’une greffe chaque année !
Insuffisance de dons, intolérance au greffon : la solution a été développée par la société Addition Technologies Inc. (ATI, Des Plaines, Illinois). La cornée artificielle AlphaCor®, ou kératoprothèse, utilisée par le Dr Hoffart à Marseille est une pièce ronde convexe d’un seul tenant, façonnée dans un matériau flexible biocompatible (pas d’intolérance tissulaire, ni de rejet), le PHEMA (poly 2–hydroxy-éthyl méthacrylate). C’est un disque comportant une partie centrale transparente (même capacité de réfraction que la cornée humaine) et une bordure opaque, de nature spongieuse à fort pouvoir de rétention d’humidité. Cette porosité, explique ATI, favorise une véritable bio-intégration de la prothèse dans le tissu cornéen et son maintien pour améliorer la vision.
L’AlphaCor® remplace la partie de la cornée lésée par un traumatisme, une infection ou une malformation tel le kératocône (1). Ses indications sont bien précises. D’une part, certains patients pourraient bénéficier d’une greffe de cornée, mais on craint soit un échec de la greffe, soit une intolérance au traitement anti-rejet. Et puis il y a l’insuffisance de dons de cornée…
Le receveur de la kératoprothèse subit un bilan ophtalmologique global : paupières en bon état, film lacrymal suffisant, absence de toute inflammation, rétine parfaitement fonctionnelle, pression intra-oculaire normale (mesurée au tonomètre). En cas d’échec d’une greffe, il est souhaitable d’attendre au moins un an avant de tenter la pose de la kératoprothèse.
Par ailleurs, précise ATI, la prothèse n’est pas (encore ?) conçue pour l’enfant, le médecin doit s’assurer que le patient ou son entourage peut assurer les soins post-opératoires à domicile, il est recommandé de ne plus fumer en raison du risque de… décoloration de la prothèse (sic), une infection passée telle la kéfratite herpétique contre-indique l’intervention.
L’intervention, généralement sous anesthésie générale, se déroule en deux étapes, la première pour créer un creux (pocket) dans la cornée et l’insertion de la prothèse dans ce creux. Une intervention de perfectionnement de la mise en place est réalisée environ trois mois plus tard, « pour permettre à la lumière de pénétrer », dit l’argumentaire d’ATI. A ce moment, la vision normale doit être retrouvée.
D’autres modèles de kératoprothèses ont été développés dans le monde. La possibilité de restituer sa fonction à cette partie essentielle de la vision est un énorme progrès.
Auteur : Jean-Marie Manus, Conseiller à la santé publique, Santé log, mis en ligne le 23 avril 2009
http://www.santelog.com/modules/connais ... r_1006.htm
Source : Addition Technologies Inc. http://www.alphacor-ati.com
(1) Le kératocône est une maladie cornéenne évolutive, déformant et amincissant la cornée. La vision se détériore, les corrections deviennent inefficaces, nécessitant un remplacement cornéen.