premier succès de greffes cellulaires

Forme familiale, thérapie génique, cornées artificielles...

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premier succès de greffes cellulaires

Messagede franck le Mar Juin 05, 2012 8:55 am

Bonjour,
Je ne comprends pas exactement le fond de l'article paru le 04 juin 2012. La greffe cellulaire constitue t elle une vraie solution et y a t il eu des tests sur des kératocônes ?
Merci pour vos éclaircissements.

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Sa ... es-401518/

Paris Match. Pour la première fois, des patients souffrant d’atteinte de la cornée ont récupéré une activité visuelle par thérapie cellulaire. Quelles sont les lésions plus fréquentes ?
Pr José-Alain Sahel. Le kératocône, où la ­cornée s’amincit au centre, prenant une forme ­conique (cause de greffe la plus fréquente) ; l’herpès et le zona, qui entraînent une opacification, les brûlures provoquées par des acides, des produits telle la soude, pouvant conduire à une ­cécité. Pour le kératocône nous avons recours, avec un grand succès, à des lentilles, des greffes de cornée, au laser ou à la photothérapie. Dans les cas d’herpès, la greffe (selon les stades) “marche” ­environ une fois sur deux.

En ce qui concerne les brûlures, quelles sont les conséquences ?
Dans les cas les plus sévères, il n’y avait malheureusement pas de traitement. Les brûlures entraînent une perte des cellules souches limbiques situées à la périphérie de la cornée, indispensables car ce sont elles qui régénèrent l’épithélium. Un ulcère se développe, qui va attaquer la partie profonde de l’œil. Jusqu’à récemment, la greffe n’avait jamais pu remplacer les cellules limbiques car elle ne renouvelait que le centre de la cornée.

D’où l’importance de la nouvelle technique par autogreffe de cellules. Quel en est le protocole ?
Les résultats spectaculaires obtenus par des spécialistes de la cornée (Dr Carole Burillon, à Lyon) constituent effectivement une étape très importante. Après diverses tentatives malaisées d’autogreffe cellulaire, les scientifiques ont eu l’idée de prélever des cellules de la muqueuse buccale du patient pour les cultiver en laboratoire sur un film en polymère thermosensible, afin de les “manipuler” de façon à constituer un greffon pouvant adhérer à la cornée, y compris à sa périphérie, remplaçant ainsi les cellules limbiques.

La thérapie cellulaire va-t-elle s’appliquer à d’autres pathologies de l’œil ?
De nouvelles pistes concernent les dégénérescences rétiniennes. Des succès ont déjà été ­obtenus chez l’animal. L’équipe du Pr Robin Ali, à Londres, a transplanté à des souris adultes des cellules prélevées sur des souriceaux, juste avant qu’elles ne deviennent des cellules photoréceptrices à bâtonnets, restaurant ainsi une vision de nuit perdue du fait de mutations analogues à celles observées chez certains patients.

Après ces premiers succès chez l’animal, quand passera-t-on aux essais chez l’homme pour les ­maladies de la rétine ?
Il faudrait pouvoir cultiver des cellules d’embryons humains (provenant d’avortements) au deuxième trimestre de la grossesse, ce qui est ­impossible. La seule solution est de prélever ces cellules à un stade embryonnaire plus précoce et de les faire mûrir en laboratoire pour atteindre le stade optimal permettant une bonne intégration. C’est sur cette stratégie, poursuivie par plusieurs équipes internationales, que portent actuellement les travaux d’Olivier Goureau à l’Institut de la ­vision, en partenariat avec I-Stem (Pr Peschanski, Genopole d’Evry). Nous devons travailler, dans un cadre dérogatoire, sur des souches embryonnaires provenant de l’étranger puisque la loi française l’interdit encore. A ce jour, les résultats en culture sont encourageants. La thérapie cellulaire représente un très grand espoir pour l’avenir.

Pour les altérations de la rétine, où se situent les autres espoirs ?
Ils concernent les maladies rétiniennes génétiques (40 000 en France). A l’Institut de la ­vision, nos projets de thérapie génique sont déjà prometteurs. En attendant la mise au point d’un traitement, les patients atteints de rétinite ­pigmentaire à un stade extrême peuvent bénéficier d’une ­rétine artificielle, un implant électronique connecté à une caméra qui permet de lire des lettres, de ­localiser des objets, de se diriger, de retrouver ses repères. Grâce aux progrès de la science, on est passé de la fiction à la réalité.

* Directeur de l’Institut de la vision (université Pierre-et-Marie-Curie, Inserm, CNRS, hôpital des Quinze-Vingts).
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Re: premier succès de greffes cellulaires

Messagede V2F le Mer Juin 06, 2012 3:32 am

Bonjour Franck et merci pour ton article,

Je ne comprends pas exactement le fond de l'article paru le 04 juin 2012. La greffe cellulaire constitue t elle une vraie solution et y a t il eu des tests sur des kératocônes ?


Non pour la solution. Oui pour des études qui ont été menées sur certains kératocônes (Hôtel Dieu Paris et CHU de Lyon). Pour le KC, la greffe cellulaire n'est pas, à ce jour, un traitement.
En début d’interview, le Pr José SAHEL inventorie les principales lésions cornéennes, dont le kératocône traité, le plus souvent avec succès, par lentilles, greffes, anneaux, CXL, etc. Les nouvelles techniques d'expansion de cellules souches autologues sont aujourd'hui réalisées chez l'homme et ouvrent la voie vers les chirurgies de reconstruction de la surface oculaire, même si tous les problèmes sont loin d'être réglés. Elles concernent des lésions accidentelles graves, comme les brûlures, ou des pathologies rares et graves comme le syndrome de Lyel ou de Steven-Johnson.

Vincent
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Re: premier succès de greffes cellulaires

Messagede V2F le Mer Juin 06, 2012 2:07 pm

Voici une présentation du Pr Carole BURILLON (CHU de Lyon)
JRO 2012 (Journées de Réflexions Ophtalmologiques).

.



et en complément:

Culture de cellules épithéliales de muqueuse orale autologues pour le traitement du déficit bilatéral en cellules souches limbiques : efficacité à long terme
V. Kocaba Salles, O. Damour, C. Burillon

Introduction

Le déficit total bilatéral en cellules souches limbiques (DCSL) ne peut être traité ni par greffe autologue de limbe ni par culture autologue d’épithélium limbique. Quant à la greffe allogénique d’épithélium limbique, elle est possible mais nécessite un traitement immunosuppresseur systémique. La greffe cornéenne d’un épithélium autologue de cellules souches cultivées de la muqueuse orale par la technologie UpCell®-Insert (CAOMECS pour Cultured Autologous Oral Mucosal Epithelial Cell-Sheet) permet la greffe d’un feuillet transparent, résistant, viable et rapidement adhérent sur la cornée sous-jacente sans aucune suture. Cette greffe semble la plus adaptée au traitement du DCSL.

Matériels et Méthodes

L’objectif de cette étude est d’évaluer l’efficacité et la tolérance de la greffe de CAOMECS. L’efficacité de la greffe de CAOMECS a été évaluée à long terme chez 23 des 26 patients présentant un déficit bilatéral total en cellules souches limbiques. Cette étude fait suite à un essai clinique évalué à 12 mois. Le critère principal d’évaluation est l’acuité visuelle, les critères secondaires sont l’état épithélial (critère composite évalué par la cotation de la kératite ponctuée superficielle, de la présence d’ulcère, du nombre et de l’activité des néovaisseaux, et de la présence d’une conjonctivalisation) et la qualité de vie (cotation de la photophobie, de la sensation d’œil sec et de la douleur). La moyenne du suivie est de 28 mois [18-48 mois]. L’ensemble des effets secondaires a été étudié afin d’apprécier la tolérance de ce traitement.

Résultats

Au total, 26 patients ont été traités, 2 patients ont présenté un effet indésirable grave n’ayant pas de lien avec la greffe de CAOMECS. Un patient a été perdu de vue. L’acuité visuelle a été augmentée chez 17 des 23 patients traités (74%), L’état épithélial a été amélioré pour 15 patients (62,5%) et la qualité de vie pour 22 patients (95,6%). Pour les 9 patients souffrant d’une opacité stromale, la greffe de CAOMECS, en réduisant la néovascularisation limbique, a également permis de réaliser une kératoplastie transfixiante (jusqu’alors impossible du fait de l’insuffisance en cellules souches provoquant des rejets aigus de greffe). Dans ce groupe, l’acuité visuelle a été augmentée dans 66,7% des cas, l’état épithélial a été amélioré dans 66,7% des cas et la qualité de vie dans 100% des cas.

Discussion

Ces résultats montrent que la greffe de CAOMECS se révèle être un traitement efficace et sûr du déficit bilatéral total en cellules souches limbiques. Jusqu’à présent, en raison de la complexité et de la sévérité de l’atteinte cornéenne, aucun traitement ne pouvait être proposé aux patients atteints d’un déficit en cellules souches limbiques bilatéral total.

Conclusion

Cette étude démontre que la technique CAOMECS, en permettant de restaurer la surface oculaire, apparaît comme un traitement novateur et salvateur pour ces patients ouvrant ainsi une voie thérapeutique majeure.
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Re: premier succès de greffes cellulaires

Messagede franck le Jeu Juin 07, 2012 8:57 am

Merci Vincent pour ces explications détaillées.
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